Introduction générale

II. Principes de base de la Pharmacocinétique

  1. Modes d’administration des médicaments.

Dans la plupart des cas, l’étude cinétique d’une substance active suit son introduction dans l’organisme par l’une des voies suivantes :

+ Intravasculaire (veineuse (VI) ou artérielle) ;

+ Extravasculaire : intramusculaire (IM), sous-cutanée, intrapéritonéale, par minipompes osmotiques introduites dans une cavité corporelle comme la cavité abdominale ou sous la peau... (méthode surtout expérimentale).

+ Orales, rectales, pulmonaires (aérosols), nasales, oculaires, percutanées, etc...

Il est manifeste que la plupart des médicaments sont administrés par voies orale (VO) ou rectale (automédication). L'intervention d'une tierce personne est nécessaire pour d’autres voies d’administration (IV, IM). Lorsqu’il s’agit d’analyses expérimentales chez l’animal, l’administration intra vasculaire (veineuse en général) assure la meilleure biodisponibilité de l’agent actif pourvu qu’il soit déjà solubilisé et injecté dans un solvant inoffensif pour l’animal, tel que du NaCl 0,9% dit serum physiologique ou du serum sanguin homologue. Suivant les cas, l ‘administration par voie intravasculaire sera unique (bolus) ou répétée à intervalles de temps égaux ou en continu (perfusion).

La perfusion par IV peut dans certaines expériences être remplacée par l’implantation d’une mini-pompe osmotique (Fig. 2) sous la peau de l’animal ou dans une zone en relation avec le liquide interstitiel sous-cutané telle que la cavité abdominale. On peut simuler une perfusion par voie orale en installant la mini-pompe dans l’estomac. L’eau entre par diffusion, dissout une petite quantité de produit actif ; un volume correspondant à la quantité dissoute quitte la pompe dans une solution saturée. Tant que le contenu de la pompe reste saturé, la libération du produit actif est constante (ordre 0).

 

Figure 2 : Principe du fonctionnement d’une minipompe osmotique.

 
Le profil des concentrations sanguines d’une substance pharmacologique ou d’un marqueur radioactif d’une substance endogène varie suivant la technique d’administration (dose unique, injections répétées d’une dose identique à la dose unique, perfusion continue d’une dose quotidienne identique à une dose unique).

L’examen critique de la figure 3 incite au respect de la posologie décrite sur l’emballage de chaque médicament et prescrite en général par le médecin. La voie orale est la plus courante des méthodes d’administration. Elle permet d’atteindre, en quelques prises, la concentration plasmatique optimale en principe actif. Les écarts entre maxima et minima sont beaucoup plus faibles que ceux observés lors d’administrations répétées par IV. Réduire la fréquence des prises comme la quantité du médicament par prise peut en faire chuter les concentrations au-dessous du seuil d’efficacité et rendre la médication inutile. A l’inverse augmenter la fréquence ou la quantité par prise peut aboutir aux concentrations de toxicité du produit. Les doses prescrites ont été définies pour que les minima soient supérieurs au seuil d’efficacité du médicament et les maxima inférieurs au seuil de toxicité.

La figure 3 est idéale dans la mesure où le médicament est totalement transféré du tube digestif au milieu intérieur. En réalité les barrières enzymatiques et biologiques (intestin, foie) retardent les transferts et peuvent détruire une partie des molécules administrées ce qui explique, comme nous le verrons ultérieurement, que les concentrations plasmatiques obtenues sont souvent plus faibles après administration par voie orale qu’après injection intraveineuse d’une dose identique. Cet aspect est pris en compte lors de l’élaboration de la posologie, en augmentant les doses prescrites.

 

Figure 3 : Effet du mode d’administration (IV ou orale) d’une même dose d’une substance exogène sur l’évolution temporelle de sa concentration plasmatique : après injection unique ou bolus (courbe noire), après administration toutes les 4 heures (courbe rouge) ou perfusée (courbe verte ) à raison de l’équivalent de la dose en 4 heures (modifié d’après Besner, in Aiache et coll., 1990).

   
Les résultats obtenus après injection unique, injections multiples ou perfusion continue ne font pas double emploi mais sont complémentaires. Toutefois l’injection unique ou bolus est probablement celle qui permet d’acquérir le plus de renseignements sur le comportement de la substance injectée. Elle est privilégiée dans l’analyse des substances endogènes ou l’analyse des flux métaboliques.

RETOUR AU SOMMAIRE