Introduction générale I. Concepts et définitions L'objet de cet ouvrage est l'analyse des flux métaboliques de substances endogènes telles que des hormones, des médiateurs chimiques, des protéines, des lipides, etc. produits par l'organisme lui-même. Les méthodes utilisées sont dérivées de celles de la pharmacocinétique qui traite du devenir des substances exogènes étrangères à l'organisme que sont les médicaments, d'où la place importante accordée à la pharmacocinétique tout au long des pages suivantes. D'un point de vue cinétique médicaments et marqueurs de substances endogènes sont identiques. Le "médicament" (medicine, drug chez les anglo-saxons) est une substance thérapeutique dont le but est daméliorer les conditions physiologiques dun organisme ayant subi une altération de ces conditions, par rapport à un organisme sain ou supposé comme tel. Le mot "drogue" en français (drugs en anglais) exprime laspect négatif dune substance. Les manipulations et létude des médicaments sont définis par des termes organisés autour du mot grec "j a r m a k o n " (pharmacon=médicament). On distingue la "Pharmacie" qui est léchoppe du pharmacien où les médicaments sont préparés, stockés et vendues. La "Pharmacopée" (de j a r m a k o n et p o i e i n = faire) désigne lart de préparer les médicaments. Ce terme désigne aussi lensemble des spécialités délivrées par le pharmacien et dont la liste officielle constitue le "Codex medicamentarius" (codex = recueil de lois). Les médicaments sont présentés sous différents aspects ou "formes galéniques" (de Galien médecin latin) |
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Figure 1 : Schéma des échanges physiologiques chez un mammifère. |
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La
"Pharmacologie" (de j a r m a k o n et l o g o V = étude) sintéresse au médicament, et plus
généralement à toute substance capable dagir sur lorganisme, entre le
moment où il est administré et lobtention de leffet. Elle est subdivisée en
trois étapes correspondant à trois phases subies par le médicament au cours du
temps : + la "phase biopharmaceutique" correspond à la mise à disposition du médicament pour lorganisme (désintégration de la forme solide dans lestomac par exemple, désagrégation en particules fines pour favoriser la dissolution et le transfert de lagent actif à travers les membranes biologiques). + la "phase pharmacocinétique" correspond au devenir in vivo du médicament (absorption, distribution, élimination) en fonction du temps (Sheppard, 1962; Atkins, 1969; Shipley and Clark, 1972; Chevallier, 1984; Aiache et coll., 1990; Magot et Champarnaud, 1990). Par exemple, un médicament administré par voie orale ou anale est absorbé à partir des sites gastro-intestinaux. Il est transporté par la veine porte hépatique au foie avant dêtre dispersé dans la circulation systémique. Au cours de ces transferts, plusieurs facteurs peuvent affecter la quantité de substance active qui entre dans la circulation et la vitesse à laquelle elle latteint. La "biodisponibilité" représente la fraction de la substance active qui atteint la circulation sanguine générale. Dans la circulation sanguine, la vitesse de transfert du médicament aux sites daction (récepteurs membranaires des cellules visées) dépend de sa liaison plus ou moins forte aux protéines plasmatiques et aux récepteurs extravasculaires. Ces interactions avec les protéines circulantes et les récepteurs cellulaires affectent la distribution du médicament entre les tissus et le sang, son niveau de toxicité ou dinnocuité, sa durée daction, etc... Le terme final pharmacocinétique est lélimination du médicament, intact ou sous forme de métabolites, par le rein et/ou le foie avec possibilité de "cycle entérohépatique". Lélimination du principe actif est caractérisée par sa constante de vitesse délimination et sa demi-vie. + la "phase pharmacodynamique" est le résultat de linteraction récepteur-principe actif du médicament administré. De nombreux facteurs peuvent modifier la sensibilité du récepteur au médicament, tels que lâge, le sexe, létat pathologique, dautres médicaments, les rythmes biologiques, etc... Il est clair que le déroulement des processus dans chaque phase conditionne la phase suivante. Une dissolution très lente du médicament par exemple peut avoir pour conséquence une répartition prolongée dans le temps et un temps daction plus long ou au contraire un contact prolongé avec des enzymes destructeurs. Que le médicament soit administré par voie intraveineuse (IV), intramusculaire (IM), orale ou anale, les étapes pharmacocinétiques et pharmacodynamiques sont de même nature, mais les constantes de temps et de concentration sont modifiées par le mode dadministration. La "Pharmacocinétique" qui est un élément de ce cours nest donc pas indépendante. Elle est conditionnée par la "Biopharmaceutique" et conditionne à son tour la "Pharmacodynamique". Un développement récent de la pharmacocinétique est la "Chronopharmacocinétique" associée au concept de "Chronopharmacologie". Dans sa thèse de médecine, soutenue en 1814, Virey (cité par Reinberg et al., 1991) pensait que leffet des médicaments variait en fonction de lheure de leur administration mais ce nest quà partir des années 1960 que cette hypothèse a été expérimentalement vérifiée et que des applications pratiques ont été proposées (Bruguerolle, 1987; Reinberg et al., 1991). Par exemple, chez lHomme, lacide acétylsalicylique (aspirine) offre une meilleure biodisponibilité (biopharmaceutique et absorption gastro-intestinale) lorsquil est ingéré le matin quà un autre moment de la journée. Chez la femme labsorption du salicylate de sodium est maximale vers le milieu du cycle menstruel. Chez la rate, la théophylline est 5 fois mieux absorbée en fin de cycle oestrien quen début de cycle (Bruguerolle, 1987). De nombreux facteurs sont susceptibles de modifier le profil cinétique d'une substance active (alternance entre repas et jeûne, modifications du pH urinaire, variations du débit sanguin hépatique, etc...) Les principes de la Pharmacocinétique ne sont pas limités à létude cinétique des médicaments. Depuis plusieurs décennies, les physiologistes les ont appliqués à létude des substances endogènes grâce à des molécules radioactives utilisées comme marqueurs identiques aux molécules non radioactives endogènes (Hevesey, 1923; Hevesey and Hofer, 1934; Schoenheimer and Rittenberg, 1935 et 1939; Zilversmit et al., 1943; Brownell, 1951; Riggs, 1952; Sheppard, 1962; Tait and Burnstein, 1964; Atkins, 1969; Chevallier, 1972 et 1984; Shipley and Clark, 1972; Magot et Champarnaud, 1990). Nous traiterons donc de la pharmacocinétique élargie à toutes les molécules (exogènes et surtout endogènes) que l'on a désignée par "Analyse des flux métaboliques" et de lusage des molécules radioactives comme marqueurs ou traceurs. |
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